Civil Aerkan
Expérience : 5
| Sujet: Achat forcé Mer 6 Mai - 14:56 | |
| Nous sommes sur la côte ouest. Dans la cale d'un bateau voisin de celui des Wilwarin s'entraîne Celebrindal. Un Aerkanien abîmé par la vie pourtant pas bien longue pour un jeune mâle de 25 ans toujours dessiné par ses traits d'enfant.
Il y a quelques temps, notre ami, tiraillé par la faim, a découvert cet endroit. Un fond de coque un peu délabré, vide et habité par des araignées dont les toiles reflétaient les minces rayons du soleil qui parvenaient à traverser la carène en bois percée. Désireux de s'exercer au lancer de couteaux, il a prit rapidement possession des lieux les jours suivants et s'est installé un petit terrain d'entraînement de fortune. Pas grand chose à vrai dire. Trois longs bouts de bois croisés à la verticale en leur sommet ont suffit à édifier un pied une fois liés d'une corde. Une grande plaque en bois rectangulaire a parfaitement fait office de cible et quelques clous plus tard, l'entraînement a pu commencer.
Le jeune homme est allé sans scrupule se servir dans les caisses d'armes de son père et s'est équipé d'une dizaine de couteaux noirs aux tranchants bruts proprement rangés dans une sorte d'harnais en cuir qu'il s'est empressé d'essayer. L'équipement un peu grand pour un garçon de sa corpulence, il l'a serré au maximum et s'est fait cette réflexion.
*Je mettrai plus de vêtements en dessous.*
Il s'est entraîné plusieurs semaines en toute impunité jusqu'au jour où son père a remarqué l'absence de sa marchandise. Alcoolique et violent, il n'était pas idiot pour autant le bougre. Furieux, il a patiemment attendu le retour de son fils, l'accueillant d'une gigantesque baffe sans décrocher le moindre mot. Ce n'est qu'après qu'il a commencé son semblant d'explication.
"Personne n'oserait me voler moi. Le seul assez stupide pour tenter sa chance c'est toi. Et je constate que j'ai raison. Dans la vie, tu veux quelque chose, tu payes. C'est comme ça que ça marche. Voler c'est pour les moins que rien. Tu vois, j'ai récemment appris que beaucoup de choses disparaissent ces derniers temps sur le port. De la nourriture notamment. Des gens se tuent à la tâche pour gagner leur vie honnêtement, et visiblement une ordure de voleur met tout par terre. J'espère pour lui qu'il ne croisera jamais ma route."
Loin d'être bête, c'est à cet instant qu'il a décroché un regard glacial à Celebrindal. Ce dernier était prévenu. Cela dit, le paternel avait raison. Incapable de se nourrir correctement avec l'argent des minces services qu'il rendait à droite à gauche, le gamin n'avait pas d'autres alternatives.
"Les couteaux que tu as pris. Tu les payes. C'est 90 béryls, mais comme tu es de ma famille ça sera 100 béryls. Ne me remercie pas."
Sur ces mots, il a tendu la main. Sans broncher, l'Aerkanien s'est exécuté et a amèrement payé son père 100 béryls. Un prix loin d'être modique qui, inéluctablement, ne l'a forcé qu'à voler encore plus par la suite.
Se remémorant ce douloureux souvenir, le frêle Wilwarin jette ses couteaux dans le bois branlant de sa cible éprouvée. Loin de se douter de ce qu'il va vivre dans quelques année, il n'espère pourtant rien de particulier. Presque contenté de sa vie, de sa situation et à des années lumière de savoir ce qu'il se passe au-delà de terres et mers entourant la ville mouvementée dans laquelle il est né. |
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